&&& APPRENDRE À LIRE … UNE FEMME ? &&&

Publié le par SCIBOR Serge

Elle, femme livre à décrypter ...

Elle, femme livre à décrypter ...

Bien long peut sembler le texte ci après ... il pouvait l'être bien davantage ... tant il y avait à dire sur la magnifique personne lue ... allons, un léger effort sera demandé au lecteur ... heu à la lectrice aussi, bien entendu ! Quelques précisions le suivent afin de ne pas "alourdir" ces notes de lecture ...

 

&&& APPRENDRE À LIRE … UNE FEMME ? &&&

 

¤ Me sentis-je … nauséeux en oyant, dans ce bar quelque olibrius éructant son méprisable mépris pour la gent féminine ?

« Toutes des sa ... » au fait qu'en est-il de sa compagne ?

 

¤ Afin d'amplifier mon « plaisir » un des ses comparses de zinc émit son avis concernant une belle passante en la rue voisine … laissant entendre « l'extase » à laquelle elle accéderait en sa virile et intime compagnie …

 

¤ Je réalise, abattu, combien ces comportements sont, hélas, banals .

 

¤ J'emprunte mon « remonte temps personnel » il me met en présence de cet adolescent, mutant adulescent, affichant attitudes, tenant propos contestables envers des jeunes femmes rencontrées, croisées à cette époque de sa vie … S'agit-il bien du moi d'alors ?

 

¤ Me vient alors le besoin de comprendre les … causes de cette triste misogynie … parallèlement à la xénophobie, prend-elle naissance en l'inculture ?

 

¤ Les manques culturels initiaux ne sont-ils pas compensables par d'enrichissantes, judicieuses lectures ?

 

¤ Je réalise soudain combien « lire » mon aimée me permit de m'extraire de cette gangue machiste … Alors … J'égrène ci après quelques notes de lecture, relecture, me revenant en l'esprit, en le cœur (afin de sacrifier au vernis sentimentaliste) moins d'un an après son décès …

Les voici venant à la suite de cette longue introduction …

 

¤~¤~¤~ ¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤

 

MON APPRENTISSAGE EN LECTURE DE ... JEANNINE …

 

& Première page, première impression … première rencontre printanière … je lis sa beauté, sa vivacité, son … allure … mais quant à la perception qu'elle a de moi ?

 

& Page suivante, nous nous connaissons mieux, elle m'attire, me séduit … Et la réciproque ?

 

& Feuille tournée sur ma tristesse d'apprendre qu'elle est fiancée … Partiellement effacée à l'annonce de la rupture des dites fiançailles … Qu'y a-t-il entre les lignes ?

 

& Après diverses sorties … rien que nous deux … Vient cette « page soirée » où je déchiffre, en ânonnant, qu'elle souhaite … mon amour ?

Nos attentes réciproques se mirent yeux dans les yeux … se dupliquent … belle fugue automnale en accompagnement de lecture

 

& Suivent des chapitres de baisers appuyés, de caresses d'abord « sages » … puis la lecture en braille de son intimité féminine et profonde (???) … lors de séances de cinéma, films peu ou non vus … approche digitale si douce … Belles pages de découverte tournées avec doigt délicat ...

 

& Nos émotions … partagées ... se font interrogation quant au prolongement, à un aboutissement « physique » … Elle « avance » son souhait de parvenir vierge au mariage …

 

& Le jeune mâle que je fus alors domina son impatience, son désir, guidé par cet amour pour Elle qu'il ne voulut pas … perdre ... Comment nous lûmes nous en cette période ?

 

& Vient, après des pages d'amour quasi platonique (hum!), celle joliment inspirée d'une chanson de Brassens … illustrée d'un banc public sur lequel elle m'annonça qu'elle souhaitait aller « jusqu'à la concrétisation de notre amour » » … mon émotion, (raz de marée sétois?) me permit-elle de percevoir l'infinie confiance qu'elle m'accordait ? … Un andante hivernal s'insinue en décor musical …

 

& Une chambre, sous les toits (romantisme d'outre époque) accueille le paragraphe suivant … deux jeunes corps dévêtus, maladroits ... vont fusionner … ho, prétendre à la perfection de cette première fois serait … sans objet … voire ridicule … une porte s'ouvrait au bonheur intégral, oublions la « technique, la performance » …

 

& Long et beau chapitre d'émois amoureux se succédant … La quasi clandestinité de nos ébats ajoutait au romantisme de notre liaison s'affirmant … Nos corps et nos esprits s'accordaient de plus en plus, de mieux en mieux …

 

& Un fascicule, cahier, tome ? Me fera relire ses venues en fins de semaines à Reims où je préparai un concours d'entrée en E.N.S. … Soleil en soirées des samedis, se voilant le dimanche soir quand elle repartait ; cela durant huit mois … Ma main frémit en tournant ces pages de preuve d'amour … Les décryptais-je avec suffisamment de finesse amoureuse alors ?

Je me prends à fredonner certain poème d'un Pauvre Rutebeuf mis en musique par Ferré … mais je ne connus pas, en Champagne, ses « souffrances » …

 

& Livret complexe que le suivant … Une grossesse non désirée … effacée dans la … douleur … réussite à nos examens réciproques et le concours m'offrant l'accès à l'E.N.S. De Cachan … notre mariage programmé … Un bel appartement loué à Massy (91) … Entrée à l'E.N.S.E.T. … et un écart sentimental avec une étudiante … « dérapage » que Jeannine effaça … Déchiffrai-je alors combien elle tenait à NOUS plus que …

 

& Notre mariage … Son regard au sortir de la mairie … quel espoir place-t-elle en ce compagnon imparfait ! Quelle nuit de jeunes mariés … Pourtant pas en découverte !

 

& Un gros cahier (scolaire) recueille des années d'insouciance ( à la préparation des examens et concours près) … d'amour s'amplifiant … sa beauté lors de nos balades des dimanches … nos jeux amoureux et, souvent, moi la photographiant en quasi nudité, quasi ? intégrale parfois … Elle ? Femme ... modèle … amante … épouse ... Tout cela en une personne …

 

& Voici un extrait de calendrier inséré en ce livre … Mai et Juin 1968 y sont inscrits … Comme l'adhésion de ma Belle à notre révolte, aux secousses qu'elle engendra … Adhésion ? Compréhension pour cet escogriffe militant, manifestant, et intermittent en notre couple …

 

& Je lis, après la réussite au concours me labellisant professeur de lycée … son désir que nous ayons un enfant … Notre petite Nadia, trop handicapée, ne « vivra » qu'un mois … La dignité (le mot est bien faible) de Jeannine pour surmonter cela … me subjugue encore … D'autant plus que sa grand mère, tant aimée était décédée peu avant …

 

& Au chapitre suivant sont énumérés … ma première affectation en Région Parisienne … le désir à nouveau d'un enfant … la création d'un premier salon de coiffure à Paris en compagnie d'une amie … Naissance de notre fille Sonia … achat d'un appartement à Fresnes … création d'un deuxième salon de coiffure à Antony(92) toujours avec sa « complice » … Je lis la sérénité l'enveloppant … Naissance de notre fils Frédéric …

 

& Aux lignes tranquilles succède son ictère … inquiétant … le chirurgien redoute une pancréatite … fausse alerte … les mots tanguent en lisant cette page … Elle sera allégée de sa vésicule biliaire … un mois d'hôpital nous tiendra « séparés » … Retour à la maison … vacances en Bretagne … je la décrypte combattante …

 

& Lecture d'une situation apaisée (au décès de son arrière grand mère âgée de quatre vingt dix sept ans près ) … Nous tombons d'accord pour quitter cette région parisienne que nous aimons pourtant … devenant peu vivable … Ma mutation en Haute Garonne … notre installation en un village des Hautes Pyrénées … offrent un nouvel horizon, un changement de mode de vie … Lecture radieuse à présent ?

 

& Que de feuilles collées … ou non massicotées … s'y sont tranquillement blotties les traces d'années familiales et professionnelles épanouies … Je la relis s'accomplissant en ce salon de coiffure somnolant qu'elle reprit et … vivifia … au lycée tout se passait bien pour moi … les enfants traversaient école primaire, collège, lycée … à peu près sans anicroche …

 

& Parcourir à nouveau ces pages où son bonheur à me voir m'épanouir en mon travail (visites de chantiers, accueil à la maison de professionnels du B.T.P.) ne le cède en rien à celui ressenti en constatant mon engouement pour la montagne … Pas de fausse lecture ! Elle ne fut en rien « bobonne soumise » … mais complice amoureuse de ce type "bizarre" plutôt !

 

& Complice aussi des enfants … malgré leurs errements en faculté … je la lus rongée d'inquiétude … Perçurent ils de même ses angoisses maternelles … Elle tempérait les énervements de ce père souvent peu diplomate … Elle traversa, à mes côtés, me soutenant, le décès de mon père, l'attitude infecte de ma mère, le décès de ma sœur … Mère , amante, soutien, femme, absolument Femme!

 

& Ma passion montagnarde me fit rencontrer une personne … et une déviation adultérine s'en suivit … trop longue … mais surtout « n'en valant pas la peine » … En cela je ne dévalue pas sa « rivale d'une période » … je réalise combien Jeannine comblait tous mes désirs et attentes... alors, pourquoi ? … je lus sa souffrance … quelques mois, années, passés depuis ces faits ... j'appris l'effacement et non le pardon, de cet écart par mon aimée … encore plus aimable à mes yeux, en mon coeur !

 

& Je parcours à rebours le chapitre de nos retrouvailles amoureuses, d'une fin de tourmente … L'arrêt de son activité professionnelle … la vente du salon … Bonheur au mariage de notre fille ... aux naissances des deux petits enfants … Nous nous retrouvons en tant « qu'orange » se reconstituant lors de séjours divers … Autre bonheur lors du mariage de Frédéric notre fils avec Cécile ...  Tout cela en vrac ...

 

& S'ouvrent des pages en lesquelles se mêlent … notre volonté de venir vivre à Oloron Sainte Marie … d'où mise vente de notre maison … recherche d'acquisition d'un « bien » en Béarn … Tout allait aboutir … et un diagnostic … elle fit face, ce qui n'est guère surprenant … me revient, en quelles lignes, son désarroi lorsqu'elle admit qu'abandonner nos projets (presque aboutis) était inévitable …

 

& Je n'ai pas su lire, lors de sa première hospitalisation, qu'elle se comprit condamnée alors … enjouée, altruiste elle accorda avant tout attention aux autres … incitant son mari à « s'évader » en montagne … ménageant les enfants et petits enfants … je me souviens, que quelques mois avant son décès, elle versa des larmes de joie en apprenant la réussite de notre petit fils au B.IA. (brevet d'initiation aéronautique ) qu'il avait passé en candidat « libre » … Ces lignes en son livre la situent bien plus que nombre de dithyrambes …

& S'étirent tant de mots, lignes, phrases mettant en exergue sa « beauté intérieure » … j'avoue quelques problèmes de lecture par moi rencontrés sa fin approchant … mais me souviens, relis, cette belle page intime et joueuse d'amants doux que nous vécûmes, écrivîmes à deux mois de la fin … de ses larmes de reconnaissance quand je lui « jurai » qu'elle ne décéderait pas à l'hôpital … qu'elle resterait jusqu'à sa fin chez elle , près de moi …

&&& Les doigts tremblent, le regard s'humidifie … ho pas de façon morbide … du fait de mon émerveillement à pouvoir relire SON livre … et transmettre, partager, bien de ses lignes, pages  ...

 

¤~¤~¤~ ¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤

 

J'ajoute ceci, en prolongement de ses venues en Champagne, à Reims ...

Imaginez la superbe voix de la belle Joan Baez

Interprétant cet « à la manière de Rutebeuf »

 

Avec le temps qu'arbres défeuille

Ne laissant qu'en ce livre feuilles

Non imprimées

Déposez y des fleurs séchées

Elles sauront bien évoquer

Nos amours fortes …

Souvenirs battant à nos portes

Sont pétales que vent apporte

Les apporta ...

 

Combien elle aima la chanson originelle !

qu'eût elle pensé de ces quelques transformations par moi commises ?

¤~¤~¤~ ¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤~¤

@ Précisions diverses ...

¤ Les débuts de notre parcours amoureux se situent en la première moitié des "sixties" ... outre la "morale d'alors quant à la virginité des jeunes femmes" ajoutons que la "contraception" autorisée s'appuyait sur le latex (condom qui s'en dédit!) passons sur le "joyeux saut en marche" ...

¤ Quant à "l'avortement" ... des centaines de jeunes femmes mouraient sous les pratiques des "faiseuses d'anges" (à l'eau savonneuse et aux aiguilles à tricoter!) le personnage opérant celui de mon aimée fut plus "pointu", méticuleux, attentif ... il appela quand tout ne se déroula pas bien un médecin ... Jeannine fut hospitalisée, curetée sans anesthésie (ha l'humanisme de certains internes !) elle sortit, de l'hôpital, debout, combattante, et bénéficiant quasi clandestinement de pilule contraceptive ... Je suis éberlué en voyant des péronnelles d'aujourd'hui prôner des méthodes basées sur la température ...

¤ L'I.V.G. est légalisée ... de sinistres individus (une fille de borgne entre autres) ne mentionnent que l'avortement (le baptisant parfois de "confort") ... l'avortement est ILLÉGAL, voire mortel, l'I.V.G. est légale ! minable confusion volontaire ... Il me revient en mémoire ces toubibs de l'époque indiquant à des jeunes femmes de milieu aisé  des adresses de cliniques spécialisées à l'étranger pratiquant, sans risque, cela; les pauvresse pouvaient crever ... J'apprécie beaucoup, en tant qu'actrice, Jeanne Moreau, mais  l'admire encore plus  en tant que signataire du manifeste des "salopes" ... Elle dit, à l'époque de ce combat ... "Si je signe, certaines vont se réveiller et se sentir obligées d'en faire autant "

¤ à propos de "bobonne soumise" ... diantre que mon aimée en fut loin, à l'opposé de cela... pas agitée du faux féminisme de plateau télé... non, FEMME tenant à son libre arbitre ... nous prenions des décisions en concertation permanente ... ainsi lorsqu'elle décida d'acheter le salon en notre village, d'un commun accord le projet de construction d'une maison "solarisée" (permis de construire , prêt du crédit foncier obtenus) fut abandonné... ne pouvant mener de front  financièrement deux opérations "immobilières" ... nous fûmes COUPLE D’ÉGAUX ! Est-il utile de préciser que le triste "devoir conjugal" s'absenta de notre vocabulaire et de nos pratiques !

¤ Jeannine déclara à des proches avoir effacés mes "écarts adultérins" ... les pitoyables jugements du type "trompée mais contente" ne sont pas de mise ! ...Elle tint à notre couple, humaine hors norme ... je reste pantois au vu de mes "sorties de route" ... le "ça n'en valut pas la peine" est faible "sentence" ... mais le cerveau reptilien du mâle  qu'une œillade flatte ...

@@@ Voilà, des pages superbes sont encore à parcourir, à relire en son livre ... sans geindre ... elle ne l'eût pas voulu ... et puis nous partagions cet ... aphorisme de couple :

"Projeter sur les épaules d'autres personnes nos peines ne les atténue pas pour nous et en engendre chez elles" ...

Que vivent l'Amour et l'humanité !

 

Elle, joyeuse, insouciante ...

Elle, joyeuse, insouciante ...

Officialisation d'union ...

Officialisation d'union ...

Quelle confiance place-telle en ce garçon ?

Quelle confiance place-telle en ce garçon ?

Publié dans hommage Souvenir

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article