/\/\ PAROIS /\/\
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¤ Je vis donc se dressant... ? … Quand fus-je prévenu ?!
Prévenu ? Averti ! ... ma Belle s'est éteinte …
Cela dura des mois … Courts et longs à la fois …
Je la vis s'écouler telle eau d'entre mes doigts …
Qu'ai-je vu se dresser? Montrez vous donc patients ...
Après l'ultime lit, l'ultime embrasement,
Les cendres envasées ... ce vase mis en case
J'ai cheminé sur place, abattu, non fixé …
Ne percevant plus rien, comprenant moins encore …
Quelques mois s'écoulant comme sables en flacons …
Ou ces éboulements roulant aux pieds des monts ...
Lors soudain, devant moi, sans que je la pressente …
LA VOICI SE DRESSANT ...Si lisse et verticale …
Cette altière paroi, hautaine ... provocante ? ...
Devrais-je la gravir ? Et comment le pourrais-je ?
Imbéciles questions, très vite hors de propos !
Je n'ai pas d'autre choix pour dépasser l'absence
De celle que j'aimais à ne savoir le dire !
Que j'aimais ? Inconscient ! Mais je l'aime toujours !
Vous me parlez de deuil ? Je réponds escalade !
En notions revenant je cherche des grattons …
Allons, vous savez bien, il s'agit d'émergences
À peine dépassant du flanc de la paroi...
Mais ces faibles saillies seront elles bien sûres ?
Des « amis » s'effaçant ne m'offrent plus d'appuis...
Je sens sur mon échine quelque souffle glaçant
Vient-il du ... matériau ...dont la paroi est faite ?
Transparent comme verre en cascade gelée …
Dès lors il me faudra chercher l'équipement
Permettant l'ascension : piolets à traction
Cordes et mousquetons , marteau, broches à glace …
Mais aussi de l'humain, vrais amis m'assurant
Tout cela n'est bien sûr qu'images figurant
Ce qu'il me faut trouver en moi, en ma culture,
En musique, en des vers, en des jeux d'écriture …
En ces proches m'offrant "épaules courte échelle"
Mais aussi, en hauteur, l'image de ma Belle
Altimètre du cœur, amour dressé en cairn
Auprès duquel j'irai frôler son regard bleu
Rendant humble le ciel faisant face à ses yeux...
Tant la teinte du deuil que la morbidité
Par ses battements d'Elle en seront écartées …
Aurais-je discerné venant d'Aile un message ?
M'invitant à mieux voir des reflets en la glace …
L’ambiguïté maniant elle se veut miroir
Reflétant des parois offrant des baies ouvertes
Des portes pour l'humain, fenêtres sans battants
Pour combattre le spleen la lumière y pénètre …
Vaincre l'enfermement viendra par ... le "comprendre" …
Lors percevrais je enfin la signification
Du relief de ces lieux, leur ordonnancement,
En message transmis plutôt que labyrinthe ?
Fut Elle consultée pour leur disposition
En mon imaginaire, en mon crâne ou ... réelle ?
Je l'aimais, créative, agençant son jardin
Disposant pierres là, édifiant butte ici ...
Marchant à ses côtés je l'appréciais rebelle
Agressive jamais, peut être ai-je oublié ?
De notre élèvement conjoint je me rappelle
Par transfusion d'idées, fusion de sentiments,
Refus des petitesses et des mesquineries,
Quête d'humanité en ses dépassements...
Dès lors tout devient clair, limpide est le message :
Que porte la vision me désignant l'issue
De cette geôle interne en moi même apparue ?…
Ces superbes années par nous deux parcourues
Transmettent leur lumière à celles à venir …
C'est « en las paredes » comme on dit en Espagne
Désignant des sommets enserrant des vallées,
Plus humblement des murs en les habitations
Que je vais accrocher, mieux que des souvenirs,
Quelques croquis d'amour toujours toujours renouvelés,
Divers tendres billets ne jaunissant jamais,
Soudain se révélant, photos en devenir ...
Cela n'est pas gageure ... l'improbable vaincu ?
Que notre couple existe en fut superbe exemple ...
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DÉCODAGE …
¤ Apparemment ce texte semble s'apparenter aux écrits teintés d'onirisme que j'ai publiés peu après le décès de Jeannine … ce n'est qu'apparence !
J'ai conscience de SA "présence en creux " … à l'image d'un corps laissant son empreinte en un matelas à mémoire de forme après être parti …Que cette comparaison me semble ... faible !
L'onirisme me fut thérapie ...éphémère... il s'invita dans quelques œuvres anciennes de poètes célèbres …
Modestement je ne me comparerai pas aux auteurs d'icelles …
¤ Je réfute néanmoins les :
« Rien ne nous rend si grand qu'une grande douleur
Les chants désespérés sont souvent les plus beaux
J'en connais d'immortels qui sont de purs sanglots »
Et gna gna gna … complaisance en un romantisme geignard …
Je ne suis pas certain d'y avoir échappé !
¤ J'ai donc choisi une forme de type « métaphore musicale » … Le ton doit être doux … la lecture se déroule semblable à une sonate … trouvez un nom plus approprié …
¤ Ah, j'avais... « traité » du deuil en adoptant l'image de la traversée d'un fleuve … pour ma "situation intérieure" rencontrée en ce moment le rapprochement avec une escalade me semble plus approprié ...
¤ Lentement la plaie semble cicatriser ...Aurais-je trouvé paroi plus accessible ? ... Il me semble qu'elle l'eût souhaité ...