@@@ Du lent déclin d'une culture @@@

Publié le par SCIBOR Serge

@@@ Du lent déclin d'une culture @@@

 

¤¤¤ Ou plutôt de son enseignement …

 

& De nobles et grands esprits s'émeuvent en évoquant les langues et parlers disparaissant …

Et l'un de verser des pleurs sur ce patois de tel village perdu en telle vallée employé par quelques arthritiques cacochymes , l'autre de mentionner les « cendres » d'oralités disparues, voire de sangloter sur le peu de place des langues mortes en programmes scolaires … Tout cela en se pliant au franglais de plateaux télés …

 

& Pourtant, non loin de leurs tours d'ivoire … Y voir, devenant cruel oxymore jumelé à certaine cécité …

Pourtant, donc, une culture disparaît peu à peu des établissements scolaires …

Un enseignement s'efface …

L'Enseignement Technique …

 

& Ainsi des baccalauréats technologiques (F1, F2, F3, F4) sont quasiment rayés des organigrammes … Ainsi les lycées anciennement technologiques deviennent établissements d'enseignement général …Ou disparaissent (Lycée Vauban à Courbevoie 92 par exemple )

 

& Pernicieusement des Baccalauréats professionnels furent programmés, une pierre chasse l'autre … pernicieusement les places destinées, en section de T.S. aux bacheliers technologiques furent « transvasées » vers les titulaires du bac pro …

 

& Ceci sous les gouvernements de droite comme de … gauche …

 

& Oh, une justification nous fut donnée par d'éminents personnages (inspecteurs souvent issus de l'enseignement technologique!) elle vaut son pesant de contorsions :

 

« Si nous voulons amener 80% d'une classe d'âge au niveau du bac, l'addition des candidats aux bacs littéraires, scientifiques, même technologiques atteint péniblement 50 % d'où, la solution du Baccalauréat Professionnel ... »

 

Rappelez moi cette histoire du pâté d'alouette … Pas élégant ? Tout dépend du sens profond que l'on donne à élégance …

 

& Une autre « justification », bien plus sournoise résidait en le coût de notre enseignement … notamment la branche technique industrielle … machines outils, matériel de B.T .P. … Et puis les lycées professionnels voient-ils venir les C.F.A ? la formation dite en alternance, l'apprentissage ?

 

& D'autre part nos lycées technologiques, afin d'assurer la cohabitation de la « culture générale » et de celle « purement technique », présentaient le handicap d'horaires fort lourds … à une certaine époque plus de quarante heures hebdomadaires étaient fréquentes …

 

& Il fallut donc alléger les programmes et horaires afin d'attirer la clientèle lycéenne … en taillant dans quoi ? Ho, vous ne devinez pas ? Allons les matières technologiques !

Avec la complicité, plus ou moins avouée, de certains profs chargés d'enseignement général …

 

& Ainsi donc, ceux ayant trouvé un poste en L.T. Ne voyaient pas d'inconvénient à voir s'étioler ce qui faisait la spécificité de ce type d'établissement !

 

& Bon, d'aucuns crieront au corporatisme, à une vue courte, une vision étriquée ! Normal je ne fus qu'un modeste prof de technologe et dessin industriel (c'est une provocation!)… Voyant peu à peu s'effacer cette discipline graphique sous prétexte que le dessin assisté par ordinateurs se développait … mesquinerie pour mesquinerie j'ose m'interroger : et pourquoi ne pas alléger l'enseignement du français du fait du développement du traitement de texte ? Ridicule ? Ce n'est pas moi qui ai commencé !

 

& D'autre part des attitudes « surprenantes » (je pèse mes mots) affichées par des profs d'enseignement général me … chagrinèrent … pour exemple … ce prof de lettres (s'affirmant de gauche!!!) déclarant, en conseil de classe, à propos d'un élève de terminale Génie civil :

« Il a une culture étonnante pour un élève du technique ! »

Ayant protesté sur le panneau syndical à ce sujet, je me fis insulter par des pasionarias de l'enseignement "général" … l'une regrettant de ne « Pouvoir me casser la gueule » … tant de culture présumée pour un si piteux résultat …

Signalons l'ordre de prise de parole lors des conseils de classe : profs d'enseignement général puis profs d'enseignement technique théorique puis profs d'enseignement technique pratique … "Nous y en avouar pou'tant ôtés nos pagnes ! Mouais, ça fait ouaciste" … mais je m'autorise à souligner ainsi ce qui m’écœure …

 

& Prolongeons joliment … à un Proviseur adjoint, agrégé de musique, j'osais après une de ses fines saillies …

« Nous prendriez vous pour des sauvages ? »

« Ho non, vous êtes des barbares ! » me répondit-il …

Restant sans voix je ne rétorquai pas à ce pitre distingué que chez les hellènes les sauvages étaient ceux ne parlant pas leur langue … nous pouvions donc le qualifier de sauvage en notre monde …

 

@@ Trêve de mesquineries et de reptations cérébrales … Osons égrener des lieux communs … Culture générale …

Si nous tentons une hiérarchisation … qui de l'inventeur de la roue (pas seul, je suppose) et des précurseurs de l'écriture a le plus permis à l'humanité de s'éloigner de l'animalité ? D'ailleurs quelles sont les interférences ?

On pourrait aisément généraliser ce type d'enclenchement et de comparaison …

 

@@ Soyons « cultureux distingués » et osons nous appuyer sur les mânes de Confucius …

Cette référence bridée émit divers aphorismes et maximes dont celle ci, en substance :

 

« Celui qui ne voit que par le travail intellectuel n'est qu'un pauvre scribe, celui qui ne voit que par le travail manuel n'est qu'un paysan, celui qui concilie les deux est un homme noble »

Bon, outre la nécessité de ne pas avilir le paysan (il y a sans doute des problèmes de traduction et ... d'époque) … Cela permet de secouer un peu ceux niant la « hauteur » de pensée de la technologie …L'enseignement technique, au sens confucéen, s'avère donc noble en associant intimement théorie et pratique ... une forme aboutie de praxis ...

 

@@ Soyons attentifs à l'économie … à l'investissement …

Ayant l'esprit taquin je jubile en me souvenant de ce que déclara un physicien de « haut vol » :

« Accorder du crédit aux économistes actuels ? Autant croire les astrologues ! »

 

Ainsi, notre pays, en cours de désindustrialisation, ne voit pas l'intérêt d'un enseignement technologique de qualité !

Je distingue l'enseignement professionnel et l'enseignement technique … l'un plus porté sur le savoir faire et l'autre alliant davantage théorie et pratique … SANS AUCUNE NOTION DE CLASSEMENT ! De noble et pas noble !

En les entreprises de B.T.P. (le champ d'activité que je connais le moins mal) outre les bureaux d'études, de méthodes, on trouve une ossature des responsabilités du type :

Directeurs de travaux, conducteurs de travaux, chefs de chantier, chefs d'équipes, compagnons … Quand cette chaîne est solide, tout va bien !

 

@@ Une anecdote pour finir :

Ayant pris en stop un jeune étudiant allemand en montagne nous discutions … Nous en vînmes à comparer le niveau d’industrialisation de nos deux pays … et un constat s'imposa :

Parmi les plus brillants étudiants de polytechnique beaucoup rêvent d'intégrer l'E.N.A. Après avoir tâté de machins du type H.EC. … quel gâchis de ne pas utiliser des « cerveaux » capables de maîtriser des concepts scientifiques et organisationnels dans nos entreprises ! Mais la « noblesse factice » d'un titre ronflant …

 

Un pouce opposable et un cerveau … l’œuf et la poule … les précieux ridicules savent-ils que l'on avance sur deux jambes ? …

 

Et peu à peu s'éteint la culture technique et s'éteindra la lumière ...

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Additif :

¤¤ Avec dégout j'ai participé, étant convoqué administrativement, à un jury de Validation des Acquis Professionnels ...

En deux entretiens de une heure (et demie ?) nous accordions ou non l'équivalence des épreuves techniques d'une B.T.S. du bâtiment ! Sans avoir le droit de poser des "questions scolaires" !

Signalons que notre B.T.S. pour les candidats scolaires comporte, au niveau technique deux épreuves écrites de huit heures , une épreuve orale de "rapport de stage"  de environ 40 minutes, une épreuve de projet où, après avoir planché en équipes de trois durant quatre semaines, les étudiants répondent durant environ une heure à un jury de trois, voire quatre personnes !

J'ai refusé de remplir le formulaire de dédommagement !

¤¤ Lors d'une épreuve de B.T.S du bâtiment, nous avons interrogé un candidat "venant de l'alternance" la majeure partie de l'activité qu'il exerça en l'entreprise l'hébergeant se résuma à la réalisation de photocopies, à des activités de "coursier" ...

¤¤ Dans mon village on m'a demandé d'être membre d'un jury de concours photo "organisé" par une candidate à un B.T.S. tourisme ...

Bon, le "maître de stage" adjoint au maire de la commune, lui fit poser des affiches, réalisées par les secrétaires, elle punaisa les images sur des tableaux mobiles ... ajouta quelques étiquettes ...

Nous nous réunîmes à trois photographes ... et délibérâmes, octroyant quelques colifichets en guise de récompenses aux participants à ce concours ...

Quant à la candidate au B.T.S. tourisme ... ceci constitua la principale partie de son épreuve professionnelle ! elle fut brillamment reçue !

Je "rageais" en comparant ceci à ce que l'on demanda à nos étudiants ... tant pour la quantité de travail que pour le niveau technique théorique ...

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Précision :

J'ai principalement abordé le cas de l'enseignement technique industriel ...Il n'en va pas encore de même pour celui à caractère technico commercial ...

à mon avis pour deux raisons :

¤ une de coût, il n'y a pas besoin de matériel onéreux (machines notamment, ateliers ...)...

¤ l'autre par manque d'ouverture apparent aux jeunes femmes de la branche industrielle, elles représentent 50% d'une classe d'âge et peuvent aisément choisir le technico commercial alors que l'industriel leur semble peu accessible ...

Nous avons ouvert une S.T.S. économie de la construction (orientée bâtiment) très technique ... et sommes arrivés à "attirer" un tiers d'étudiantes certaines années ...

...

 

 

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